Depuis plusieurs années, les grandes villes européennes, dont Bruxelles et Anvers en Belgique, mettent en place des zones basses émissions (LEZ) afin de réduire la pollution atmosphérique liée au trafic routier. Ces zones imposent des restrictions de circulation aux véhicules les plus polluants, notamment les anciens diesels et certains véhicules essence.

Si ces mesures visent avant tout à améliorer la qualité de l’air et à protéger la santé des habitants, elles bouleversent également l’organisation de la mobilité urbaine. Les parkings de centre-ville, en particulier, se retrouvent au cœur de cette transformation. Leur rôle, leur fréquentation et leur aménagement évoluent pour répondre aux nouvelles exigences légales et aux comportements des automobilistes.

Les objectifs des zones basses émissions

Les LEZ poursuivent un objectif clair : réduire les émissions de particules fines, d’oxydes d’azote et de dioxyde de carbone dans les centres urbains densément peuplés. Ces polluants sont responsables de problèmes respiratoires, cardiovasculaires et contribuent au réchauffement climatique.

En Belgique, les Régions disposent de la compétence en matière d’environnement et de mobilité. Bruxelles, Anvers et Gand ont déjà instauré une LEZ, avec des calendriers progressifs d’interdiction. Les véhicules sont classés en fonction de leur norme Euro (de Euro 1 à Euro 6) et seuls les véhicules répondant aux normes récentes sont autorisés à circuler.

Impact direct sur l’accès aux parkings de centre-ville

La première conséquence pour les parkings est la réduction du nombre de véhicules autorisés à accéder au centre. Concrètement :

  • Les véhicules trop anciens ne peuvent plus y stationner, ce qui réduit une partie de la clientèle traditionnelle.

  • Les parkings doivent s’assurer que leur signalétique et leur communication mentionnent la réglementation, afin d’éviter des amendes aux usagers mal informés.

  • Certains parkings situés en bordure de LEZ deviennent des points de relais stratégiques, car les automobilistes laissent leur voiture avant de poursuivre en transports publics.

Cette nouvelle donne modifie donc profondément le profil des utilisateurs.

Une hausse de la demande en bornes de recharge

Les LEZ incitent fortement à l’adoption de véhicules hybrides et électriques. Les automobilistes qui souhaitent encore accéder facilement aux centres-villes doivent s’adapter à ces normes.

Les parkings deviennent ainsi des lieux privilégiés pour la recharge des voitures électriques. Installer des bornes n’est plus un service optionnel mais une véritable nécessité pour :

  • attirer une clientèle nouvelle,

  • garantir un temps de stationnement utile,

  • répondre aux obligations légales en matière de transition énergétique.

Les gestionnaires qui anticipent cette demande se positionnent comme acteurs de la mobilité durable.

L’évolution vers des hubs de mobilité

Les parkings de centre-ville ne sont plus de simples espaces de stationnement. Avec la pression des LEZ, ils se transforment en hubs de mobilité multimodale. Concrètement, cela signifie qu’un parking peut offrir :

  • un stationnement pour voitures électriques,

  • des espaces sécurisés pour vélos et trottinettes,

  • des points de location pour véhicules partagés,

  • une connexion directe avec les transports en commun.

Cette évolution permet aux automobilistes de combiner plusieurs modes de transport et réduit l’usage exclusif de la voiture thermique.

Des changements dans la fréquentation et les habitudes des usagers

La mise en place des LEZ entraîne une mutation des comportements :

  • Certains automobilistes renoncent à venir en centre-ville avec leur voiture et privilégient les parkings relais en périphérie.

  • D’autres investissent dans un véhicule conforme (hybride ou électrique) et utilisent toujours les parkings centraux, mais avec de nouvelles attentes.

  • Une part de la clientèle touristique, souvent moins informée, doit être sensibilisée pour éviter des amendes et garantir une bonne expérience de visite.

Ces transformations obligent les gestionnaires de parkings à repenser leur stratégie commerciale et leur communication.

Un impact économique contrasté

Pour les exploitants, l’effet des LEZ peut être double :

  • Négatif, car une partie de la clientèle historique disparaît, notamment les véhicules anciens ou les navetteurs réguliers.

  • Positif, car de nouveaux usagers (propriétaires de véhicules électriques, touristes respectueux des normes) recherchent des parkings bien équipés et sécurisés.

De plus, l’intégration de bornes de recharge et de services multimodaux peut générer des revenus supplémentaires.

Les parkings comme leviers de transition écologique

Loin d’être de simples spectateurs, les parkings de centre-ville peuvent jouer un rôle actif dans la réussite des LEZ. Ils deviennent :

  • des partenaires de la ville dans la réduction des émissions,

  • des incubateurs de nouvelles mobilités (partage, covoiturage, vélos),

  • des espaces durables intégrant éclairage LED, panneaux solaires et systèmes intelligents de gestion de l’énergie.

Certains projets pilotes en Europe montrent même des parkings transformés en micro-centres logistiques urbains, où les livraisons sont regroupées pour limiter le trafic de camions en centre-ville.

Les défis à relever pour l’avenir

La transition n’est pas sans difficultés. Les gestionnaires de parkings doivent faire face à :

  • des investissements importants pour moderniser les infrastructures,

  • une incertitude réglementaire, car les calendriers des LEZ évoluent régulièrement,

  • une pédagogie nécessaire pour informer les usagers, notamment les touristes étrangers.

Cependant, ces défis s’accompagnent d’opportunités : les parkings qui se modernisent rapidement gagnent en attractivité et se démarquent de la concurrence.

Les zones basses émissions

Les zones basses émissions (LEZ) transforment en profondeur la mobilité urbaine en Belgique et, avec elle, le rôle des parkings de centre-ville. Moins fréquentés par les véhicules anciens, ils se réinventent en hubs de mobilité durable, intégrant recharge électrique, stationnement vélo et intermodalité.

Loin d’être une menace, cette évolution peut représenter une opportunité économique et environnementale pour les gestionnaires qui anticipent et investissent dans l’avenir. Les parkings deviennent ainsi un maillon essentiel de la ville durable de demain, en accompagnant les automobilistes dans la transition énergétique imposée par les LEZ.